Médecine ou poison ?
Le Moyen Age occidental attribua lui aussi des pouvoirs bénéfiques et magiques au diamant : il neutralisait les poisons, permettait d'écarter les hallucinations, d'apaiser les angoisses. Il réconciliait les époux, il donnait énergie, bonheur, longue vie, préservait des mauvais esprits...
Au XIIe siècle, sainte Hildegarde de Bingen précise que "le diable déteste cette pierre parce qu'elle résiste à sa puissance". "Placé dans la bouche, il guérit le menteur." Des propriétés médicinales lui furent attribuées : il guérissait par simple apposition sur une partie du corps.
Plus près de nous, au XVIe siècle, le pape Clément VII (1523-1534) apprit à ses dépens que le diamant, contrairement aux croyances, ne favorisait pas la guérison. Il périt en avalant un médicament à base de poudre de diamant qu'on lui avait prescrit.
C'est à dater de cet incident que le diamant fut regardé comme un poison. Un détail qui ne pouvait échapper à Catherine de Médicis...
Mais le diamant ne fut pas seulement pierre de pouvoirs ou instrument des intrigues de Cour. Il prit part au rêve des légendes humaines.
L'une d'entre elles est plus particulièrement captivante : quelque part, en un lieu secret, protégé par de terrifiants gardiens, une vallée engendre à foison de merveilleux diamants. La légende de la Vallée des Diamants L'antique légende de la Vallée des Diamants, située en Inde ou au Proche-Orient, trouverait son origine dans les récits des campagnes d'Alexandre le Grand vers l'Inde. Elle est également mentionnée dans un texte d'Epiphanius, évêque de Constantia au IVe siècle.
Alexandre voulut pénétrer dans la vallée, mais ne put y progresser, l'endroit étant infesté de terribles serpents au regard mortel. Il utilisa donc des miroirs, qui firent périrent l'un après l'autre les reptiles, surpris par leur propre reflet.
Cette légende fit également l'objet d'un conte, que raconta la belle Shéhérazade lors de la 296e nuit de veille auprès de son assassin d'époux :
"Lors d'un de ses voyages, Sinbad fut entraîné bien malgré lui au cœur de cette vallée : "Je me levai tout de même de ma place et marchai dans cette vallée pour la reconnaître un peu, et je constatai qu'elle était entièrement formée de roches de diamant. Partout, autour de moi, le sol était jonché de gros et de petits diamants, détachés de la montagne et qui faisaient en certains endroits des tas de la longueur d'un homme."
Il se heurta lui aussi aux effroyables serpents : "Au milieu des roches de diamants, je vis circuler les gardiens, qui étaient des serpents noirs en quantité innombrable, plus gros et plus grand que des palmiers..." Le diamant, notamment les pierres de grosse taille, n'a cessé d'éveiller l'imagination des hommes. Il n'y a pas si longtemps, un journaliste accusa le Hope d'avoir fait sombrer le Titanic par sa seule présence ! Il n'y eut pas de procès : le diamant avait un bon alibi, et il reposait sur la terre ferme, lui...